mardi 30 novembre 2010

Taxi Driver

Martin Scorsese est un de ses réalisateurs que tout le monde connait aujourd'hui. En 1976, il réalise Taxi Driver, un de ses nombreux films aujourd'hui considéré comme culte. C'est à l'époque la seconde collaboration entre lui et Robert De Niro... qui ne sera bien sur pas la dernière.



L'histoire nous présente Travis Bickle. C'est un ex-marines, tout juste sorti de l'enfer qu'à pu lui "offrir" la guerre du Viêt Nam. Le conflit est fini depuis à peine un an. Travis n'est pas à l'aise dans cette société et ça se voit. On se demande parfois s'il n'en deviendrait pas déséquilibré. Il souffre d'insomnie. Et pour donner une utilité à ce temps perdu la nuit, il a choisit le métier qui lui allait le mieux: chauffeur de taxi, de nuit. Il roule, le plus souvent sans savoir réellement même pourquoi, et il est le seul à accepter volontiers de s'aventurer dans les coins les plus reculés du Bronx, craint par même Superman. Il aime aller au cinéma. Voir des films pornographiques dans la salle noir la plus sordide et glauque. Et tout ça, il à l'air d'en penser que c'est totalement normal.

La force principale du film est bien de nous mettre dans la tête de ce "héros", victime malgré lui des conséquences psychologiques de la guerre. Et à travers ses yeux, Scorsese immortalise le malaise de son pays. Revenons un peu à l'histoire. Entre le scandale du Watergate et la fin du conflit, l'opinion publique n'a plus confiance même en son gouvernement. Les soldats, d'abord encouragés par tous pour partir au front, sont montrés du doigt. Tout le monde l'a vu grâce aux médias, ce sont des meurtriers. L'Amérique en a marre, mais à présent, elle est perdue, atteint d'une forte paranoïa. Taxi Driver est donc avant tout, par le biais de Bickle, une véritable peinture de son pays.
La violence est ordinaire, ommi-présente, tout comme ce sentiment d'oppression et de solitude constant qui règne dans les rues de New York. C'est sombre et accompagné d'une misère urbaine qui prend tout son charme agrémentée de la BO.



En effet, les pistes musicales spécialement conçues font parties des meilleures. Bernard Herrmann, ça vous dit quelque chose ? Non ? Ah, je vais vite réparer ça. C'est un génie musical, celui qui a commencé à travailler sur le "petit" Citizen Kane pour enchaîner classiques sur classiques avant de recontrer le maître du suspens, Hitchcock. C'est avec lui que son talent ne fera que se confirmer, s'entremêlant à merveille avec les thématiques du réalisateur (Vertigo, Les Oiseaux, La Mort aux Trousses, Psychose... et bien trop d'autres !), et c'est surement ce qu'on retiendra le plus de lui. Mais en parallèle il opère sur des films avec le maître de l'animation des films fantastiques, Ray Harryhausen, qui trouvera sa meilleure inspiration accompagné du musicien. Puis les standards Hollywoodiens rejetteront peu à peu la musique classique mais Herrmann n'en a pas fini, et la boucle doit être bouclée. Le nouvel Hollywood nait quelques temps après ses dernières collaborations avec Hitchcock, et c'est là qu'il se redressera. Car malgré de très bons scores avec Truffaut, il est dit en perdition, et c'est De Palma qui le fera revivre une dernière fois.
Il meurt le soir du dernier jour d'enregistrement de Taxi Driver. Le film lui est dédié. Et la bande son est un chef-d'œuvre. La boucle est bouclée. La musique, parfois funèbre, parfois jazz, parfois légère, parfois plus lourde, dans tous les cas, accompagnera l'image avec un délice suprême. Jazzzy, désespérée, ou angoissante, on n'en restera que stupéfait, et le côté onirique déjà appuyé par l'image n'en deviendra que plus plaisant encore. 



Le premier rôle est bien sur tenu par De Niro. Comme toujours, il s'est investi à fond dans son rôle, cette fois-ci en travaillant réellement comme chauffeur de taxi douze heures par jour avant tournage. C'est aussi a lui qu'on doit l'improvisation d'une des répliques les plus cultes du 7ème art: "You talkin' me ?". Et puis, le rendu offre carrément un des personnages les plus profonds et intriguant qu'on ai eu la chance de voir.
Les seconds rôles ne sont pas en reste. Entre Harvey Keitel, Cybil Sherpherd, juste et touchante, c'est surement Jodie Foster qui impressionnera le plus. Très jeune à l'époque elle est LA révélation du film, et sa carrière ne faiblira pas.


Le métrage pousse peu à peu le spectateur dans la folie profonde de Travis. Et c'est ce qui aboutira à une réflexion des plus forte pour le spectateur, étourdi par la vision des faits du final. Scorsese signe là incontestablement un grand film. En plus d'être solide, c'est puissant, et intelligent. Parce que la réalisation et le montage ne sont pas étranger non plus à la force de Taxi Driver, avec un cadrage réfléchi au minimètre près. D'une finition atteinte seulement par les plus grands, on ne peut que se montrer baba.



- Are you talkin to me ? 
- Bah ouais, tu croyais que j'madressais à qui, au Pope ?


Le film mérite donc amplement sa Palme d'Or reçu au Festival de Cannes en 1976, avec ce portrait social de l'Amérique des années 70 offrant une scène finale mythique, une réplique culte, des acteurs parfaits, une bande son exceptionnelle, et une intelligence rare,... What Else ?


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