mardi 7 décembre 2010

Steak

J'ai parler, lors de mon premier passage sur le blog, de la dernière petite pépite inclassable nommée Rubber. Si vous vous êtes intéressé à la chose, ou si vous avez bonne mémoire, vous vous souvenez du nom du réalisateur: Quentin Dupieux (alias Mr. Oizo). C'est le même ici.
Ici, je vais vous présenter son premier film, tout simplement rejeté par la majeure partie de la critique à sa sortie, et complètement boudé par le public en salle. Un bide intersidéral donc, pour un film qui a su se refaire une seconde jeunesse lors de sa sortie DVD. C'est là que sur le nouveau monde qu'est Interpouet une communauté a fait la rebelle en affirmant haut et fort que ce film, barré au possible, était des plus réussis. Il était qualifié alors de film le plus sous estimé du cinéma français de ces dernières années par beaucoup.
Beaucoup d'autres, je pense, n'ont pas aimé le film, et vous vous demandez ce que je raconte là. Plus d'attentes, je vais maintenant vous prouver par a + b que ce film est tout simplement très bon et qu'il n'augurais que de l'excellent pour la suite de la carrière de ce réalisateur un peu dans son monde...


















OU












Plus sérieusement, j'étais sur que certains d'entre vous allaient faire le parallèle, en toute légitimité. Tout en pensant, bien entendu, que dans le film, le mot "Steak" prendrait un autre sens, que ça aurait un rapport quoi. Bah... pas vraiment. Si on me demandait pourquoi Dupieux a choisi de nommer son film ainsi, je ne saurais que répondre... "no reason" !

Ah, ça y est. Vous avez titillé. Tout comme dans Rubber, le côté nonsensique est vraiment omniprésent durant tout le film, sauf qu'ici, ce n'était pas annoncé. Ce qui a pu certainement rebuter un certain nombre de spectateurs. N'allez pas croire que j'ai quelque chose contre Eric & Ramzy, les deux humoristes en tête d'affiches, mais... la plupart des spectateurs étaient venus visionner, comme écrit sur l'affiche, "La nouvelle comédie avec Eric & Ramzy". A juste titre.
Vous ne comprenez toujours pas ? La campagne marketing du film était tout simplement pitoyable, et ne correspondait à aucun moment à une description fidèle du produit final: un pur suicide commercial ! En effet, l'humour des Daltons, de Double Zéros ou de La Tour Montparnasse Infernale, c'est pas par là !! Alors forcément, qu'il y a eu de quoi être déçu...



Ca veut donc dire que la performance d'acteur des deux comiques compères n'est pas à la hauteur ... ?
Pas du tout !!! Au contraire, il faut la souligner ! Alors qu'ils ne jouent ensemble que très peu de scènes au final, le film repose sur leurs jeux dans pas mal de scènes (le plan séquence de la voiture...). Les gags sont dictés par Dupieux, et le niveau est très bon, après, c'est sur qu'il faut accrocher à l'humour absurde... Mais les répliques cultes ne manquent pas ! Ils collent très biens à l'univers et ne font pas tâches un seul moment, ça c'est une affirmation. Vous avez déjà moins peur ?
Sachez que tout le reste du casting est lui aussi très bon ! Et il comporte des guests de taille, puisque tous les personnages principaux ou presque sont joués directement par des amis de Mr. Oizo, partisans de la nouvelle scène électro française ! Sébastien Tellier, SebastiAn et Kavinsky ont donc les trois rôles secondaires les plus importants. Suivis de Jonathan Lambert, le tout forme une équipe déjantée qui va très bien ensemble, sans jamais faillir à la fausse note.

Et en prime, ils n'ont pas fait qu'être acteur pour certains: Sébastien Tellier, Mr. Oizo et Kavinsky ont composé la bande originale. Aussi déjanté que l'humour qui ravage ce véritable OVNI, elle est forcément à tendance électronique, et y'a de très bonnes choses !


Côté réalisation, franchement, c'est aussi un sans faute. Enfin, que voulez-vous reprocher vous ? Des plans et cadrages originaux, une photographie somptueuse, une mise en scène unique et décalé, sans que cela ne s'agite à aucun moment. Un truc qui se vit, jouissif. Le trip est agrémenté de biens jolies références à travers tout le film, d'Elephant à Orange Mecanique, sans oublier l'ambiance parfois aux abords du Lynchien... Le budget n'est pas là un problème puisqu'à aucun instant on n'y pense, c'est forcément un coup de maître.

Revenons à l'ambiance. L'intrigue se place dans un futur très proche, dans une sorte de bourgade américanisée à 200 %. Au delà du ton presque dérangeant et pesant maintenant attaché à Dupieux (une sensation étrange descriptible seulement par le visionnage), c'est une critique de la société actuelle qui va prendre place. Ce film n'est plus qu'une comédie originale et réussie en tout point, non, il passe un stade, c'est un véritable film d'auteur, de genre, personnel, mais à la fois si plaisant, un film à part dans le paysage francophone. Les thématiques abordées sont le paraître et le superficiel, le culte d'apparence à travers les modes, et ce film désormais  branché en est le meilleur des représentants. Magique.


Steak a un charme et un cachet indéniable et franchement, j'ai totalement adhéré pour ma part. Un film à découvrir ou redécouvrir pour ceux qui l'ont découvert avec cette publicité suicidaire, pour découvrir une réussite artistique qu'on ne pourra qu'admirer. J'espère voir dans quelques temps des commentaires types "Je l'ai revu et t'avais raison", parce que mon but c'était bien de vous faire changer d'avis, tellement  il ne faut surtout pas passer à côté de ce pur moment de bonheur.

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