mardi 8 février 2011

Notre Jour viendra


Notre Jour Viendra est le premier long métrage de Romain Gavras. Le casting a l'air consistant. Vincent Cassel, fidèle de Kourtrajmé, et Olivier Barthélémy. C'est pas la première fois que les deux se croisent, et de ce côté là, on ne risque pas d'être déçu. J'attendais beaucoup de ce film, comme j'attends beaucoup de toute la bande Kourtrajmé. Si vous ne connaissez pas, je vous conseille vivement de vous y mettre. Pour vous familiarisez, un petit documentaire de quelques minutes disponible sur Dailymotion fera votre grand bonheur:

 Mis à part si on est allergique à la gueule de V. Cassel, que personnellement j'adore, on ne peut que saluer une performance d'acteur vraiment bonne. L'histoire est assez compliqué à résumer. Les deux gars en question sont roux. L'un adolescent, l'autre psychologue. Le premier vit par procuration sur World of Warcraft faute de pouvoir s'offrir une vie sociale dans le monde réel. Le second grignote des chips et se fait inlassablement chier sur son bureau à écouter des patients mal dans leurs peaux. Ils se rencontrent par un hasard total. Et ils décident alors d'entamer une quête dont on ne comprendra réellement pas l'objectif concret, c'est bien là le défaut majeur du film.

Cette quête si l'on peut l'appeler ainsi, se révèle plutôt être un défoulement total, rejet d'une frustration hors-norme, un pétage de plomb comme on en a rarement vu, une autodestruction sans morale ni éthique, un assaut désespéré contre une société qui ne veut apparemment pas d'eux. Alors au réalisateur de laisser place à des images magnifiques et aux acteurs de nous montrer leurs puissances respectives. Concernant la photographie, elle sublime le Nord de la France, que je ne connais à vrai dire pas, et nous montre des paysages d'une beauté rarement filmée pour des décors réels français. Un bon point.

A travers un rythme étrange, le film prend l'allure d'un road movie. Au fil des étapes, nos deux comparses vont évoluer chacun de leurs côtés lors de ce voyage initiatique. Voyage d'ailleurs plus que mystérieux: le spectateur n'a aucun indice de temps, et on ne saura réellement jamais leur motivation. Et si le réalisateur nous propose une très belle photo, il n'oubliera pas son côté polémique qui l'a fait connaître du grand public avec les clips de MIA - Born Free et de Justice - Stress.



Même si Notre Jour Viendra est un film qui n'est pas aussi violent que cela, du moins pas autant que la BA aurait pu le laisser présager, le spectateur n'en restera pas, à sa vision, indifférent. Profitant de l'ambiance véhiculée par les images décrites plus haut, SebastiAn, DJ de chez Ed Banger ayant par ailleurs joué dans Steak, compose une BO accompagnant le tout avec réussite. Surprenant l'habitué à ses sons courts, brutaux et ravageurs qui se répétent, le musicien offre ici quelque chose de totalement différent comparé à ce qu'on a l'habitude qu'il fasse. Des pistes courtes souvent au piano dépeignant parfaitement la haine et le malaise constant présent dans le film. Oppressante et pesante, l'ambiance fait mouche. Un gros score. Pour l'écouter gratuitement, légalement, mais hors contexte, c'est ICI. Et ne me dites surtout pas que c'est de la merde, sinon ce sera une grosse fessée cul-nu. Non, c'est vraiment magique ce son, écoutez le tout à la suite et vous allez ressentir des émotions comparables au film.




Véritable parcours nihiliste et cynique, portrait d'une société en perdition rejetant tout ce qui n'entre pas dans les normes, le film -parfois aux limites de l’absurde-, intrigue et captive. Là est surement son point fort. La réalisation, la bande sonore, et les acteurs, réalisent quasiment un sans faute. Et même si la plupart des scènes du film sont carrément réussies, on se demande peut être un peu trop à la fin où Gavras a-t-il voulu nous emmener... Ces scènes chocs, en tête celle du jacuzzi de l’hôtel, faute d'être vraiment violente au sens premier du terme, aussi réussies soient-elles, ne servent finalement pas à grand chose... Peut être que seule la violence prouve encore aux protagonistes leur existence dans ce monde qui leur est étranger... ? Quête identitaire, surement, mais au final, le scénario, à trop se vouloir mystérieux et passionnant, rate peut être de peu le coche et ne propose qu'un défouloir jouissif, bien orchestré et interprété, mais dont on aurait aimé une finition plus poussée. Une clarification plus nette n'urait pas été malvenue, même si cette part de mystères a aussi pas mal d'atouts. Il faut juste y être préparé, histoire qu'on ne sorte pas en gueulant "y'a pas de scénario".
 
En tout cas, Gavras est quelqu'un à suivre sur les grands écrans. Le potentiel est là, le film est bon, franchement, il risque de pondre par la suite des grands trucs ! Le cinéma français a une relève qui annonce du lourd de chez lourd ! (Kourtrajmé, Ed Bandger, Noé, Kounen... ;) !)
La Bande Annonce:


PS: Désolé de pas poster plus souvent/régulièrement. J'ai pas beaucoup de temps en ce moment... Cette critique est un peu courte en plus, pas le temps de faire plus, j'ai oral bac de français blanc jeudi matin, faut donc que je m'y mette une peu là :) Sinon, je peux aussi vous conseiller le magnifique Les Mystères de Lisbonne, dont je reparlerais peut être ;)

2 commentaires:

  1. Vicent Cassel et Sebastien oAo
    Oh mon dieu je dois voir ce film, merci encore pour la review mon lapinou, encore une bonne critique de ta part.

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